11 mai 2020, jour du déconfinement en France. Après 55 jours de confinement, ce dernier est levé, et les français, tout comme les entreprises, reprennent progressivement leur activité.

Dans le domaine pharmaceutique et celui des dispositifs médicaux (DM), la question du retour en salle propre se pose.

La production de produits pharmaceutiques ou de DM en salle propre est une pratique très largement répandue permettant de maîtriser les conditions environnementales et la contamination des produits. A l’aide d’une Centrale de Traitement de l’Air (CTA), les pressions différentielles sont modulées, la vitesse de brassage et le taux de renouvellement de l’air sont contrôlés ainsi que les paramètres d’ambiance. Couplés à cela, une procédure d’entrée et de sortie de la salle, de lavage des mains, d’habillage et de nettoyage en salle propre permettent de maîtriser l’environnement de travail d’un point de vue microbiologique et particulaire.

Reprise d’activité de la salle propre : Point sur les actions à mener.

Lors d’un arrêt de la CTA, ou de production en salle propre, il est nécessaire d’évaluer l’impact de cet arrêt sur l’environnement et de mettre en place les actions nécessaires avant un retour en production. L’ensemble de ces action doit être décrit dans un protocole et les résultats doivent être compilés dans un rapport final.

Vous devez tout d’abord réaliser un nettoyage complet en salle en incluant également les SAS personnels et SAS matières/produits avec des produits détergents/désinfectants dont le scope biocide est adapté à l’activité.

À la suite de ce nettoyage, réalisez une vérification du bon fonctionnement de la CTA comme par exemple, la vérification des pressions différentielles, des vitesses de l’air et des taux de brassage qui sont de bons indicateurs de l’état de la CTA. En complément, vous pouvez mener des vérifications des paramètres physiques (température et hygrométrie). L’objectif étant d’obtenir des valeurs acceptables par rapport aux spécifications que vous avez déterminées en amont.

Il est également important que vous réalisiez des essais de comptage particulaire. Le comptage particulaire permet de mesurer la concentration de particules en suspension dans l’air, et ainsi de déterminer la classification particulaire de la salle propre (ISO 5/7/8) par rapport aux spécifications déterminées par la norme ISO 14644-1 :2015. Pour compléter le comptage particulaire, vous devez considérer la réalisation des prélèvements d’aérobiocontamination et de biocontamination de surface. Ces derniers permettent de vérifier la capacité de votre salle propre à maîtriser la contamination microbienne en évaluant le nombre d’unités par colonies (UFC) dans l’air et sur les surfaces de travail.

Les résultats des essais de pressions différentielles, vitesse de l’air, taux de brassage et de comptage particulaire sont disponibles immédiatement après réalisation, alors que les résultats d’aérobiocontamination et de biocontamination de surface ne sont disponibles que sous 5 jours minimum. Cependant, si les essais de diagnostic de la CTA et de comptage particulaire sont conformes, l’autorisation de produire en salle peut être donnée avant d’obtenir les autres résultats microbiologiques.

Que devez-vous faire en cas de non-conformité (NC) ?

Dès lors que vous identifiez une NC, vous devez impérativement en analyser les causes ainsi que les conséquences pouvant en résulter.

En cas de NC relative aux pressions différentielles, vitesse ou taux de brassage de l’air, les réglages de la CTA doivent être étudiés car ils sont probablement mis en cause. Si une NC est relevée au niveau des températures ou de l’hygrométrie, une vérification des serpentins, circuits d’eau froide et des réglages de ces paramètres doit être menée.

Un dépassement des spécifications du comptage particulaire, de l’aérobiocontamination ou de la biocontamination de surface peut être lié à un dysfonctionnement des pressions différentielles et du taux de brassage mais également à une défaillance des filtres terminaux de la CTA. En effet, un étage de filtration est mis en place du cœur de la CTA jusqu’à la salle propre pour filtrer l’air pris à l’extérieur de la salle et qui pénètre dans cette dernière.

Quelles sont les mesures à mettre en place pour les équipes de production ?

Attachez une importance particulière sur le respect des mesures barrières et d’hygiène au regard de l’activité de la part des équipes de production. En effet, les équipes doivent être plus que sensibilisées à ces mesures à prendre non seulement au quotidien mais également dans le cadre d’une production de produits pharmaceutiques et de dispositifs médicaux et ce dans le but de prévenir tout risque de contamination des équipes et des produits.

Mise à jour de la documentation

Les mesures à prendre en cas d’arrêt de production afin d’assurer une reprise de l’activité dans des conditions garantissant la sûreté, l’efficacité et la performance des produits doivent être documentées dans le Système de Management de la Qualité. Si ce n’était pas le cas jusqu’à présent, saisissez-vous de cette opportunité.

La réalisation de l’ensemble des essais doit être régie par un protocole de test, rédigé soit par le fabricant, soit par le prestataire de service réalisant les essais dans la salle propre. Un rapport doit également être rédigé pour décrire les résultats obtenus ainsi que leur conformité par rapport aux spécifications déterminées.

 

Pour conclure, notez bien que tout arrêt de la CTA ou de la salle propre doit être considéré et analysé au regard de l’impact potentiel sur l’environnement et la conformité microbiologique. Cette longue période de non-production, dû à la crise sanitaire, nécessite une évaluation, et avant toute remise en activité, un nettoyage complet doit être réalisé. Suite à ce nettoyage, il faudra réaliser des essais de vérification des paramètres aérauliques et physiques de la salle propre couplés à des essais de comptage particulaire et microbiologiques.

 

Rédactrice

Julie FERRANDIZ Consultante

Bibliographie

ISO 14644-1 :2015 : Salles propres et environnements maîtrisés apparentés — Partie 1: Classification de la propreté particulaire de l’air.